Catalogue des diplômés 2013, Beaux-Arts de Paris

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Si Bernard-Marie Koltès a privilégié une écriture de et sur la marge, c’est que selon lui « au centre plus rien ne bouge ». Vitalité et complexité de la marge donc, qu’elle renvoie à une situation géographique – être en périphérie de – ou à un mode de vie, choisi ou subi, en décalage avec la société et le discours dominant. Cette problématique est également au cœur des films réalisés par Mali Arun. Ils témoignent de territoires isolés, en conflit ou en cours de transformation, de leur interaction avec la population qui les habite et participe à les façonner. Entre essai documentaire et fiction, ces portraits de « non-lieux » sont autant de façons de rendre compte des fables sociales et humaines qui s’y déroulent : les terrains vagues de la banlieue parisienne investis par les camps de roms, une maison volontairement conservée à l’état de ruine par son propriétaire, une friche industrielle en Alsace vouée à devenir un musée-jardin touristique où se font entendre les voix d’anciens ouvriers, les vieux quartiers du centre de Tianjin détruits pour être réhabilités et dont on déplace les habitants vers de lointaines banlieues. Chez Mali Arun, tout est donc affaire de mouvement, de transition et de passage, qu’il s’agisse de paysage comme de corps.

Raphaël Brunel, critique d’art.