SURVILLE / Court-métrage, documentaire

LA RÉPUBLIQUE, SEINE ET MARNE, Novembre 2018

ANDRÉ MALRAUX. Les lycéens réalisent un court-métrage sur le quartier de Surville.
Karine BRIVES

Le film de 15 minutes a été réalisé par Mali Arun en collaboration avec Laureline Delom et les jeunes du lycée André Malraux : Mathis Ayivi Von Krioz, Emeric Billoue Perron, Chloé Bonnard, Maxime Catala et Vincent Cleray dans le cadre du programme « Que Faire ? » proposé par Le Bal / La Fabrique
du Regard.

Le film se déroule à la manière d’un casting, où chacun s’interroge sur le personnage
qu’il pourrait incarner. Les trois personnages principaux sont issus de différents secteurs de la Ville : la ville basse historique, le grand ensemble de Surville et la campagne environnante. Edwine voudrait jouer le rôle de Marie, Paul celui de Stéphanie
et Dounia celui d’Amin. Chacun vient donner un peu de soi, de ce qui le ou la de?finit et le ou la constitue. Tous questionnent leurs représentations du masculin et du féminin et soulèvent plus largement les questions identitaires que ces trois typologies de territoire peuvent susciter.

Les personnages des séquences où les élèves sont interviewés succèdent à de longs plans avec vue de drone. D’abord, il y a Marie, une lycéenne décrite comme féministe, qui sort d’une rupture sentimentale, plutôt dans l’anarchie, végétarienne, et qualifiée d’«assez raciste».
«Elle habite en ville basse, donc elle a un peu d’argent et décide de se mettre contre ça, les bourgeois… Elle n’aime pas les gens, elle est plus contre eux qu’avec eux quoi», analyse l’une des lycéennes.
Puis vient Amine. Il vit à Surville, d’origine algérienne, habite dans un quartier, la banlieue. «ll n’y a pas de maisons autour, que des bâtiments, que des quartiers isolés, chacun son bâtiment. C’est ni beau, ni moche, ça fait normal, des bâtiments normaux», décrit
l’un des acteurs en herbe.
Le troisième personnage est Stéphanie. Elle vient de la campagne, veut devenir journaliste, aimerait découvrir le monde car elle est souvent enfermée chez elle à lire, n’a pas les moyens d’aller visiter d’autres villes.

Marie sera plus proche de Stéphanie que d’Amine, «plutôt lesbienne alors qu’elle est raciste, qu’elle soit lesbienne ça choque » indique l’un des élèves.
Effet miroir.
Le fait de questionner les élèves, de faire un parallèle entre les personnages leur permet
d’afficher un certain naturel. Ce n’est pas surjoué, ou mal joué.
Pendant l’audition, on leur demande quelle différence y a-t- il entre eux et les personnages ? «Moi aussi on me colle un stéréotype » dit l’un. Tandis qu’une autre élève témoigne : «Je suis quelqu’un de très banal physiquement. Je ne me vois pas me mettre dans une case».

Après la projection, une discussion a été lancée entre les jeunes et la réalisatrice : comment parler de soi à travers l’autre ? Comment échapper aux stéréotypes liés à l’appartenance à un territoire ?

Un très beau court-métrage, tout en finesse et en interrogation qui se joue des clichés et qui mériterait d’être diffusé dans un cinéma proche de chez nous !